L’EXEMPLE DE DIANE DE COMTE ET CHARLES DUPONT (PIER AUGÉ)

Et finalement, si reprendre une entreprise historique était un challenge aussi excitant, voire plus, que de monter une start-up ? Diane de Comte et Charles Dupont avouent n’y avoir pas pensé spontanément, et pourtant, les voici à la tête de Pier Augé qu’ils ont repris à la barre du Tribunal de commerce de Châteauroux le 23 juillet dernier. Avec beaucoup d’ambitions à la clé, et l’envie surtout de préserver l’ADN de l’entreprise de cosmétique basé sur la mémoire de la peau.
Voir un couple de jeunes gens s’impliquer dans la reprise d’une entreprise au nom prestigieux, n’est pas chose courante ni une évidence au premier abord. « C’est sans doute une erreur, un frein que l’on se met inconsciemment », admettent Diane de Comte (25 ans) et Charles Dupont (28 ans). Pour celle qui a été à la tête de son entreprise de production de shampooing et celui qui peut se targuer d’une expérience de trader chez JP Morgan et de trésorier au sein du groupe Rémy Cointreau, franchir ce pas a révélé une envie profonde : celle de préserver non seulement des savoir-faire reconnus internationalement mais aussi des emplois, des salariés en France. « Créer une start-up, c’est sympathique. Mais à notre point de vue, reprendre une société qui a marqué les esprits comme Pier Augé l’a fait, c’est une autre vision de l’entrepreneuriat, un angle hyper-intéressant dans lequel on se retrouve bien. C’est un challenge de faire revivre quelque chose qui a traversé les décennies et qui était en train de disparaître, tout en respectant l’héritage immatériel et patrimonial que nous ont laissé nos prédécesseurs. On se sent même une vraie responsabilité envers le fondateur, Pier Augé, qui était un véritable visionnaire avec son approche purement organique avant d’être cosmétique. Cela aurait vraiment été dommage qu’un autre repreneur ne rachète la marque que pour se servir du nom et des formules en les délocalisant, en Asie ou ailleurs. »
La reprise d’une société historique, une autre vision de l’entrepreneuriat
Alors que Diane cherchait une nouvelle unité de production pour lancer un nouveau projet, c’est un peu le hasard qui l’a mise, avec son compagnon, sur la voie de l’enseigne castelroussine. « Cette marque, on en avait entendu parler, un peu comme tout le monde. Nous sommes venus pour voir les locaux et nous avons tout de suite compris – après avoir rencontré les quinze employés – quel était le potentiel de l’entreprise dont les clients sont fidèles de longue date, pour ne pas dire à vie. Nous avons vu les perspectives de croissance et les axes sur lesquels il nous faudrait travailler pour les atteindre », expliquent-ils.
Alors que quatre embauches étaient initialement prévues, grâce aux aides à l’embauche d’alternants, ce sont finalement sept postes* qui ont été ouverts début août pour relancer la marque et pourvus dès cette rentrée. De nombreux jeunes ont postulé, parfois de loin, pour participer à ce projet à long terme au sein duquel des perspectives de carrière semblent possibles. Toujours positionné dans le segment cosmétique haut-de-gamme, Pier Augé emploie donc à ce jour 24 personnes, un nombre qui ne devrait pas évoluer, sauf bonne surprise, avant 2022.
Nouvelle image mais ADN conservé
Une nouvelle mouture, provisoire, du site Internet a d’ores et déjà été mise en ligne, pour être plus en phase avec le e-commerce actuel. La refonte de toute l’image graphique sera l’objet d’une année complète, et se terminera avec la mise en service du futur site. Le développement de la présence de la marque sur les canaux digitaux permettra de toucher de nouveaux acheteurs. Si l’image va changer, en revanche, la gamme, resserrée sur le cœur de métier (les soins du visage), mettra toujours en exergue le côté visionnaire de Pier Augé, cet expert de la peau qui avait compris avant les autres que le derme a besoin de protéines et/ou de lipides et/ou de vitamines pour se régénérer. « Nos produits se différencient toujours de la concurrence, alors que leurs formules suivant me concept unique de Base Dergyl** qui correspondent à tous les types de peaux datent pour certaines de 60 ans. Cet ADN-là, nous allons y revenir, le conserver et le faire fructifier pour attirer, en plus de nos fidèles clients, une clientèle plus jeune. »
Outre le développement à l’international, les deux jeunes repreneurs ont beaucoup d’idées au niveau local. Des partenariats avec La Berrichonne Football et le RACC (rugby club castelroussin) ont d’ores et déjà été noués, tandis que la vente d’usine annuelle de décembre aura lieu sous une nouvelle formule, celle d’un pop-up store (magasin éphémère) en centre-ville.
* Un directeur de production au profil ingénieur chimiste expérimenté, deux commerciaux expérimentés, un technicien de fabrication (BTS Chimie avec expérience dans le secteur pharmaceutique ou cosmétique), des alternants en Recherche et développement, en graphisme et en commerce et export.
** Une émulsion de même nature, de même structure et de même composition que la peau.
LE MOT DE LA FIN
Quel conseil prodigueraient-ils à des jeunes qui voudraient suivre leur exemple ? « S’ils ont une idée de reprise à un prix juste, il faut qu’ils osent et qu’ils assument leur offre jusqu’au bout, en sachant résister aux jeux d’influences. Toute offre est entendable. C’est une expérience très impressionnante – notamment le passage à la barre dans le cas d’un rachat au tribunal comme ce fut notre cas – mais aussi et surtout très enrichissante, à tous points de vue. Nous nous sommes battus pour reprendre cette entreprise, nous avons été écoutés et nous en sommes fiers. »
NB : vous êtes un jeune créateur / une jeune créatrice et vous avez envie de reprendre une entreprise, de quelque secteur que ce soit ? La CCI peut vous accompagner pour mener à bien votre projet. Contact : Salima Tahiri, 02 54 53 52 75
1 avis • Donnez le votre