
Le premier confinement au printemps 2020 a brutalement accéléré la transition de bon nombre d’entreprises vers des solutions de télétravail pour leurs collaborateurs, dont l’activité pouvait se faire à distance. De temporaire, le télétravail devient, au fil des mois, une alternative qui tend à se pérenniser. Avec des bénéfices certains d’une part, mais aussi ses inconvénients qu’il conviendrait de restreindre au maximum si les conditions sanitaires devaient imposer le télétravail comme la nouvelle norme dans la durée. Carla Joao, fondatrice de SAS Télétravail Quadralinda et experte en la matière, nous en parle.
Bien qu’il rende la présence de chacun un peu virtuel, jamais le télétravail n’a été une réalité aussi prégnante au sein du monde de l’entreprise. Travailler à distance est aujourd’hui entré dans les mœurs, une habitude à laquelle les Français ont souscrit de plus en plus après le premier confinement de 2020 (mars à mai). En 2009, selon une étude du Centre d’Analyse Stratégique, la proportion de télétravailleurs s’élevait à 8,4 % seulement en France (contre une moyenne européenne à 17,7 % à l’époque). En 2015, le rapport Transformation numérique et vie au travail, le ratio national était passé à 17 % de télétravailleurs, quelle que soit la forme dudit télétravail. Un sondage réalisé par Les Echos en mai 2020 (à la sortie du confinement donc) a démontré que « près d’un tiers de la population active avait télétravaillé » pendant les deux mois précédents. Pour l’Institut Montaigne, la croissance de ce phénomène de société « mal mesuré et sous-évalué » est « un raz-de-marée en France depuis le début des années 2010 ».
Fini le métro-boulot-dodo, place aux tiers-temps d’activités
Alors que la crise sanitaire liée à la Covid-19 et à ses variants perdure et semble s’installer pour une durée difficilement déterminable, la question de la pérennisation du télétravail à 100 % sur un temps long se pose de plus en plus fréquemment. « La pandémie mondiale a clairement accéléré le processus de transition vers le travail chez soi ou dans des tiers-lieux », explique Carla Joao, fondatrice en septembre 2020 de la société SAS Télétravail Quadralinda basée à Tours mais elle-même en télétravail à Valençay depuis quelques mois. « Aujourd’hui, on ne parle plus de métro-boulot-dodo, mais de tiers-temps d’activités à gérer et à concilier dans une journée. Vie professionnelle, vie personnelle et vie privée doivent ainsi être conjuguées de façon intelligente, en instaurant des rituels pour bien les dissocier et, de fait, s’épanouir en intégrant cette nouvelle façon de travailler. Pour que tout se passe au mieux, il faut aussi que le décideur soit convaincu de la cohérence de son organisation et que les employés à qui il la propose en soient également convaincus et satisfaits. »

Comme on l’a déjà dit, l’année 2020 aura au moins permis aux entreprises et aux collectivités territoriales d’essuyer les plâtres de ces nouvelles organisations où le distanciel était de rigueur. Si le confinement du printemps a été difficile à accepter en raison d’une sorte de sidération de l’ensemble de la population, le semi-confinement de novembre a montré que le monde du travail avait su s’adapter. « La mise en place des solutions de télétravail lors du premier confinement s’est faite dans l’urgence et de façon forcément imparfaite. Chacun a essayé de parer au plus pressé avec les moyens du bord. Beaucoup ont alors mal vécu cette période soit par manque de matériel, soit par stress face à une situation que l’on ne maîtrisait que partiellement. L’expérience du premier confinement, ajoutée aux compétences de facilitateurs comme Quadralinda, a permis depuis de mieux appréhender les problématiques et d’apporter plus de cohérence dans l’organisation pour plus de cohésion au sein des équipes », explique l’experte.
Élaborer une stratégie globale
Selon une étude menée par Citrix en début d’année 2021, 51 % des Français estiment que, sans trajet domicile-travail à prévoie, le télétravail permet de gagner du temps de productivité et 49 % que cette solution permet de réduire le stress en cette période de pandémie. Mais ils sont également 22 % à avouer se sentir moins bien chez eux qu’au bureau pour travailler. Alors, le télétravail à 100% est-il une réponse universelle ? Pour Carla Joao, il faut réfléchir à une stratégie de télétravail dans la durée, avec une approche globale de ses effectifs « pour ne pas se couper de certains talents », notamment les fameux millenials (nés juste avant ou après l’an 2000), s’il n’y en a pas du tout de distanciel. « Le télétravail n’est pas à proprement parler une révolution, mais plutôt une évolution du monde du travail. Outre la réponse qu’il apporte aux besoins de sécurité sanitaire et le gain de productivité qu’il peut générer, il permet aux entreprises de réaliser certaines économies en réduisant les bureaux et de développer sa marque vers l’extérieur en pouvant plus facilement donner l’accès à l’emploi aux personnes en situation de handicap, en louant des espaces de coworking et en intégrant le télétravail dans sa démarche environnementale (RSE). La qualité de vie des employés s’en trouve améliorée également si ce changement est bien accepté. De même, pour des territoires ruraux, cela pourrait être très profitable. Accueillir de nouveaux habitants peut ainsi favoriser la vente de produits locaux et le développement de circuits courts », poursuit la fondatrice de Télétravail Quadralinda.

Pour autant, selon l’experte, passer à 100 % en distanciel n’est pas envisageable ni souhaitable : « Il y a dans l’entreprise un réel besoin de garder du lien en face à face pour faire avancer les projets de la manière qu’on le souhaite. Forcer au télétravail en permanence peut amener à avoir des écarts de perception inconciliables sur un même sujet, à créer une discrimination voire une fracture entre ceux qui peuvent télétravailler et les autres. S’il n’est pas librement consenti, le recours à cette solution peut également mener à une perte de lien social et à l’isolement personnel, avec des risques de burn-out ou de blurring. Du fait même de l’incertitude régnante en matière sanitaire, il vaut ainsi mieux privilégier une organisation hybride entre présentiel et distanciel dans la durée ».
On l’aura compris, il n’existe pas de réponse standard ni universelle aux attentes de l’ensemble du monde de l’entreprise. Pour accompagner cette évolution, des facilitateurs tels que Télétravail Quadralinda (qui a participé à divers webinaires, notamment celui de la CCI de l’Indre le 24 novembre dernier dans le cadre des Rencontres Performance®) peuvent imaginer des propositions sur mesure aux sociétés qui les sollicitent pour aborder au mieux cette transformation inéluctable des organisations. Comme pour toute chose, face à ce qui nous est méconnu, il est toujours utile de savoir s’entourer pour avancer de manière plus assurée sur le chemin de la nouveauté.
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