Schoen distribution, un groupe sous pression

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Avec onze mois sur quinze d’activité au ralenti, le groupe castelroussin de distribution de boissons a subi de plein fouet l’impact des restrictions sanitaires. Alors que les bars, restaurants et autres brasseries ont de nouveau droit d’accueillir du public depuis quelques semaines, il entrevoit le bout du tunnel.

Les fermetures administratives des bars, restaurants et autres lieux de fêtes, ainsi que les impossibilités d’organiser des événements rassemblant du public pendant de nombreux mois, ont eu des répercussions sur tout un secteur moins connu du grand public, celui des distributeurs de boissons et des fournisseurs de ces derniers.

Pour Thierry Schoen, président du Groupe Schoen Distribution (250 salariés dont 20 basés à Châteauroux), la situation a été très compliquée à vivre et à gérer, d’autant que de gros investissements venaient d’être consentis pour racheter deux entreprises de distribution sur la région parisienne, une autre dans le Cher, un bâtiment à Guéret et ouvrir un dépôt de 2 700 m² dans la Nièvre. « Nous avons effectivement été très impactés parce que l’ensemble de nos clients – les boulangeries et les entreprises qui mettent de l’eau à disposition de leurs salariés mises à part – ont été très longtemps fermés depuis un an et demi. Nous nous sommes retrouvés à zéro ou presque du jour au lendemain, entre mi-mars et mi-juin 2020, sans quasiment aucun approvisionnement à faire. Nous sortions alors entre 3 et 5 % de notre chiffre d’affaires mensuel habituel. Nos commerciaux, techniciens et directeurs de sites ont continué à travailler malgré tout par demi-journée, pour garder le lien avec nos clients, faire le suivi en cas de dépannage et essayer d’anticiper ce qui pouvait l’être. Il était important pour nous de répondre aux inquiétudes de nos clients et de pouvoir être prêts dès que l’activité repartirait. Dès que nous avons eu connaissance que nos clients pourraient rouvrir, nos équipes ont été mobilisées pour que les matériels soient prêts à servir, que les plannings et cycles de livraison soient calés et que tout fonctionne le jour J », explique-t-il.

Un chiffre d’affaires divisé par deux

Si l’activité a ainsi pu fonctionner de façon quelque peu dégradée en termes de chiffre d’affaires pendant l’été, le deuxième confinement, à partir de fin octobre 2020, a été un deuxième coup de massue, avec des points de vente à nouveau fermés, certains ne rouvrant leurs portes qu’en juin 2021 ! Le groupe qui accuse une chute aux alentours de 50 % de son chiffre d’affaires annuel (environ 50 M€ en 2020 contre 100 M€ en 2019, ndlr) a certes mis à profit ces quelque sept mois d’activité plus que réduite pour trouver d’autres débouchés et améliorer le fonctionnement de l’entreprise. Un vaste plan de formation a ainsi été mis en place à destination de ses collaborateurs sur les gestes et postures et sur la relation clientèle, ainsi que sur d’autres solutions pour atténuer la pénibilité du travail, mais il était temps que la vie reprenne un cours à peu près normal.

L’objectif fondamental était de faire en sorte que les équipes restent concernées et optimistes, malgré le manque de visibilité pour la société. « L’an passé, nous avons pu bénéficier d’exonérations de charges, d’un Prêt garanti de l’État et de l’Allocation partielle longue durée (APLD), ce qui nous a permis d’assurer a minima nos missions envers nos clients. Il faut savoir que nous n’avons été reconnus comme profession touchée par la crise par l’État qu’en décembre dernier, grâce au réseau C10 (Centrale européenne de distribution dont Schoen est adhérent actionnaire, ndlr) et à notre fédération. Ce qui signifie que nous n’avons pas eu droit au fonds de solidarité uniquement au mois de décembre 2020, alors que nous avions beaucoup de stocks en danger. Depuis le début de l’année, nous avons enfin pu en bénéficier, ce qui soulage quelque peu notre trésorerie. De plus, l’expérience du premier confinement nous a été utile pour nous préparer en amont, en partenariat avec nos fournisseurs, dès lors que les dates de réouverture avec puis sans jauge ont été définies. Nous avons ainsi pu garantir à nos clients des approvisionnements en temps et en heure de produits de qualité », ajoute le dirigeant qui s’avoue soulagé de voir l’art de vivre à la française reprendre des couleurs. Même si le spectre d’une certaine hausse des tarifs des consommations plane déjà, le prix du café notamment commençant à augmenter au même titre que d’autres matières premières utiles à l’industrie (acier…).

L’événementiel en souffrance

Il reste également pas mal d’incertitudes quant à l’impact sur l’événementiel des nouvelles restrictions dues à l’obligation du pass sanitaire pour participer à toute manifestation de plus de 50 personnes à partir d’août. « Nous sommes heureux de voir que les terrasses et les restaurants font de nouveau le plein et que certaines discothèques peuvent à nouveau accueillir du public. Mais les événements culturels, festifs ou sportifs, qui représentent entre 10 et 15 % de notre activité, souffrent toujours : la preuve avec les annulations de feux d’artifice ou de manifestations de villages… Pour autant, nous avons assumé notre rôle de distributeur responsable lors de la tenue en mode dégradé du Printemps de Bourges cette année, mais en termes d’activité, cela a clairement été très faible. D’autres événements, comme le stage-festival DARC à Châteauroux, n’ont même pas lieu… J’espère vraiment que les gens seront raisonnables et qu’ils se feront vacciner pour que nous n’ayons pas à subir de nouvelles contraintes drastiques à la rentrée. À titre professionnel comme personnel, je n’aspire qu’à une chose : que l’on puisse continuer à vivre normalement dans les mois qui viennent », conclut Thierry Schoen.

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