Au cours de leur conférence tripartite sur la conjoncture économique locale, régionale et nationale, organisée vendredi 19 mars, la CCI Indre, la CMA Centre Val de Loire – Indre et la Banque de France ont toutes trois démontré que les effets de la pandémie ont rudement secoué l’activité et que celle-ci devrait ne revenir à son niveau d’avant-crise que courant 2022.

Il est un fait certain, les douze derniers mois que nous avons vécus resteront comme ceux d’une période inédite dans l’histoire mondiale. Du fait des mutations du virus qui a paralysé bien des pays, les incertitudes planent toujours quant à une date de retour à une vie « normale » et quant à la reprise complète pour bon nombre d’entreprises, qu’elles que soient leurs tailles. Si le tissu économique dans sa globalité semble absorber le choc, grâce à la politique du « quoi qu’il en coûte » menée par le Gouvernement depuis le 1er confinement en mars 2020, certains secteurs subissent encore de plein fouet la baisse des commandes ou des besoins (aéronautique, automobile) ou les fermetures administratives (cafés-hôtels-restaurants, sites touristiques…).
Le PIB national s’est ainsi contracté de 8,9 % en 2020, la Banque de France tablant sur un rebond de la croissance de 5,5 % en 2021 (5,9 % selon l’OCDE, 5 % pour la Banque centrale européenne) et 4 % en 2022, la consommation des ménages devant repartir pleinement lors du dernier trimestre 2021. « Les recours à l’activité partielle, aux fonds de solidarité, aux reports de charge ou aux prêts garantis par l’État (dont bpifrance estime que 65 % servent avant tout de trésorerie de précaution et n’ont pas été utilisés par les entreprises qui les ont touchés) ont préservé bon nombre d’entreprises et de salariés jusqu’à ce jour. (…) Mais il ne faut pas crier victoire trop vite. Les plus fragiles tiennent encore le coup, mais pour combien de temps ? », a précisé Jérôme Gernais, président de la CCI.
L’activité repart mais pas l’emploi
Par rapport à une année « classique », le nombre de défaillances d’entreprises au niveau national a décru de près de 30 % en 2020 : 35 000 contre 50 000. Cela ne signifie en aucun cas que les entreprises vont bien ou qu’elles vont mieux ; simplement, les aides de l’État ont servi d’amortisseurs et permis de donner un peu d’air à des sociétés parfois au bord de l’asphyxie. Mais lorsque les aides s’arrêteront, combien auront suffisamment redressé la barre pour ne pas mettre la clé sous la porte comme ce fut le cas pour Flunch (dont la mise sous procédure de sauvegarde entraîne la fermeture de 57 restaurants, dont ceux de Saint-Maur et Issoudun) ? On peut espérer que les fonds débloqués, qui auront permis de mener à bien des projets d’avenir, des investissements immobiliers ou technologiques, la transition numérique ou énergétique, donneront assez d’élan aux entreprises pour repartir de l’avant lorsque cette crise sanitaire aura enfin pris fin.
Cependant, pour Bernard Kapell, directeur départemental de la Banque de France, « les chocs sectoriels ne seront pas compensés en 2021, même si les secteurs qui ont perdu le plus de chiffre d’affaires en 2020 devraient se redresser le plus fortement en 2021. » C’est l’emploi, déjà lourdement impacté (+0,7 % au niveau départemental comme au niveau national) qui va encore souffrir au cours des prochains mois. L’enquête menée par l’institution auprès de 300 entreprises régionales (50 % de taux de réponse) démontre ainsi que la crise a engendré une réduction des effectifs « réelle mais contenue (aux environs de 3,9 %) grâce aux dispositifs d’activité partielle, l’ajustement de l’emploi se faisant sur le volant d’intérimaires », les secteurs de l’agroalimentaire et de la pharmacie (en croissance l’an passé) ayant même embauché (+1,7 %). Le secteur de la construction de matériels de transport (autos, avions) a chuté de 8,4 %. Cette contraction de la main-d’œuvre (hors secteur agro-alimentaire) ne devrait pas se résorber en 2021, « en raison d’un nouveau repli des effectifs intérimaires et de la mise en place probable de Plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ». Un constat que partage Thierry Fruchet, président de la CMA Centre-Val de Loire – Indre, qui s’alarme du fait que « 5 % des artisans [songent] à accroître leurs effectifs », et « seulement 9 % d’entre eux envisagent d’embaucher un apprenti », bien que des aides en ce sens aient été récemment prolongées de plusieurs mois par le Gouvernement.
À savoir
De façon assez étonnante, les deux chambres ont constaté en 2020, une augmentation de leur nombre d’immatriculations (+20 pour la CMA CVL-Indre, +356 pour la CCI). Il s’agit, dans leur grande majorité, de micro-entreprises ou d’autoentreprises. Ainsi, celles-ci représentent 71 % des inscrits auprès de la CMA, tandis que la CCI a recensé ces derniers mois toujours plus de livreurs à vélo (110 nouvelles immatriculations en 2020), de sociétés d’exploitation d’éoliennes ou de parcs photovoltaïques (+80) et de commerces non sédentaires ou de vente en ligne (+45 chacun)
Retrouvez la conférence en replay sur notre chaîne Youtube : https://youtu.be/geXf-rI8uKI
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